• Moi, l'instit d'hier, l'instit de demain

    Me voilà à la fin d’une merveilleuse aventure. Une aventure qui a commencé il y a 4 ans, avec la première envie de faire ce métier. Depuis, beaucoup des choses ont changé. Ma vision du métier de l’institutrice aussi bien que moi en tant que représentante de ce métier. Voici où j’en suis aujourd’hui.

     

    Je pense toujours que ma première qualité en tant qu’instructrice doit être la bienveillance et la bonne entente avec mes élèves. Lors de mes stages, je me suis rendu compte que mon rapport avec les élèves était la première condition de la réussite d’une leçon. Si j’étais de mauvaise humeur, nerveuse, même la meilleure leçon ne donnait rien. De l’autre côté, une leçon qui était portée par ma bonne énergie motivait toujours les élèves. Les leçons qui me tenaient à cœur, que moi je trouvais intéressantes et dont le sujet m’inspirait trouvaient toujours l’écho dans la classe. Mon grand défi pour demain? Arriver à passer toutes mes leçons avec ce même enthousiasme et le transmettre à mes élèves! Les élèves sont souvent les miroirs à émotions. Ils absorbent notre énergie, positive ou négative et nous la renvoient, multiplié. Un bon climat de classe commence par un instituteur bienveillant, souriant, patient, à l’écoute de chacun.

     

    Un de mes grands projets en tant qu’institutrice demain serait d’élargir le champ d’études de mes élèves. Dans ma classe de demain, j’ai envie que les élèves apprennent bien plus que le Français et les Mathématiques. J’aimerais pouvoir proposer aux enfants de travailler sur un projet personnel, un projet qui leur tient à cœur. Chaque enfant pourrait choisir sa thématique en début de l’année et progresser à travers une sorte de portfolio. À la fin d’année, une présentation en forme d’exposition permettrait aux parents et aux élèves de découvrir le travail de leurs camarades. Cela demandera, en effet, un grand travail de préparation, mais je reste persuadée que le résultat ne peut être que bénéfique pour les élèves. Ils auront un parcours personnalisé dans lequel je pourrais travailler sur les difficultés de chacun. Et vu que le sujet les passionne, ils seront bien plus motivés qu’avec des leçons/exercices classiques. Les sujets pourront être de plus variés : cuisine, histoire, mécanique (pourquoi ne pas découvrir le fonctionnement d’une voiture?), géographie (se renseigner sur le pays de ses origines?)…

    Il est important de se rendre compte que chaque élève est une personne à part entière. Même à 6 ans, il s’agit de miniadultes bien distincts avec chacun son caractère, ses passions, ses envies, son éducation. Apprendre à les connaitre et à les respecter en tant qu’individus est indispensable pour pouvoir leur enseigner. Pour moi, c’est ça le profil d’apprenant. Ce ne sont pas juste les forces et faiblesses qu’on rencontre dans le cadre d’apprentissage, c’est aussi le caractère humain. Je le rencontre souvent dans mes cours de piano. Pour faire travailler la même chose, j’utiliserai une approche différente avec chaque élève. Il y a des élèves chez qui je ferai appel à un côté affectif, chez d’autres ça serait le sens de devoir, un autre va le faire bien, car il sait qu’il va pouvoir le jouer au concert. Ils ont tous appris le même morceau, avec le même succès, en passant par des chemins différentes. Je pense que c’est la même chose pour les élèves à l’école primaire. Il y en a qui apprennent pour avoir de bonnes notes, d’autres simplement, car ça les intéresse, des autres pour pouvoir faire «comme les grands»… Les motivations varient et il faut savoir les découvrir et les exploiter.

    C’est également un moyen de rendre les élèves plus autonomes. Il est important de leur laisser la liberté de prendre des décisions plus au moins importantes. Décider de l’ordre dans lequel ils feraient leurs exercices, comment ils vont gérer leurs apprentissage, sous quelle forme feraient-ils leur synthèses…

     

    En même temps, il est important d’avoir une classe soudée, dans laquelle l’esprit d’équipe est bien développé. Les projets de classe sont un excellent moyen d’y parvenir. J’étais assez perdue la première fois qu’on a dû mener un projet en B2. D’ailleurs, même si le résultat final était satisfaisant, je ne voyais pas des grands avantages par rapport à une leçon ordinaire. Mais en école spécialisée, ma maitre de stage a insisté pour que j’en fasse un. Toutefois, elle m’a laissé le champ libre, je pouvais vraiment choisir ce qui me plaisait. J’ai donc travaillé sur l’œuvre Pierre et le Loup. Ça m’a fait changer d’avis. À travers ce projet j’ai pu travailler plein de sujets différents avec mes élèves. Des exploitations étaient nombreuses, et j’ai même dû en faire un tri, car impossible de tout aborder en 3 semaines de stage. Finalement, les moments de projet étaient pour moi, comme pour les enfants, les moments préférés du stage. J’espère pouvoir en mener d’autres, aussi intéressantes dans ma future classe.

    Un autre outil pédagogique qui me tient beaucoup à cœur à développer est le tutorat. Je vois, malheureusement beaucoup de compétition dans les classes. Dès le plus jeun âge, on apprend aux enfants qu’il faut être le meilleur, on les conditionne pour. C’était choquant pour moi d’assister à des contrôles en 1re primaire en mois d’octobre. Les enfants utilisaient des caches pour que leurs voisins ne puissent pas recopier sur eux. Je trouvais ça triste — à deux mois d’école, il était plus important de faire mieux que le voisin que de réussir. J’aimerais que dans ma classe la réussite soit perçue comme une réussite collective. Je m'estimerai arriver si la devise de mes élèves devient : «je réussis si tout le monde réussis».

    Mais qu’est-ce de "réussir"? Est-ce avoir 20/20 sur mon contrôle? Pas pour moi. Pour moi réussir c’est comprendre, savoir que je sais. C’est bien plus compliqué. Il s’agit non seulement d’apprendre un concept, de le comprendre, mais également de savoir quand, comment et pourquoi l’appliquer. C’est pourquoi je pense que l’autoévaluation de l’élève est très importante. S’il est capable de reconnaitre tout seul ses forces et ses faiblesses, il lui saurait beaucoup plus facile à y remédier.

    Je n’aime pas le concept où on travaille une leçon, on la clôture et à la fin on propose une évaluation. J’estime que cela ne porte pas des résultats à long terme. Les élèves apprennent effectivement à conjuguer les verbes au présent, au moment de l’évaluation, ils ont tous bien appris les terminaisons, ils ont tous d’excellentes notes. Ayant appris "par cœur", sans une compréhension approfondie de la leçon, les élèves ont des difficultés à écrire un texte avec des verbes correctement conjugués au bout de deux semaines. Pourquoi? Parce qu’en travaillant de cette manière, on conditionne les élèves à réfléchir à leurs conjugaisons pendant le contrôle. Ils savent sur quoi elle porte — il suffit d’appliquer la règle. Mais quand ils rencontrent cette même conjugaison plus tard, dans un autre contexte, ils sont incapables d’appliquer ce qu’ils ont appris. C’est pourquoi dans ma classe, j’aimerais tester un autre type d’évaluation. J’aimerais bien travailler avec mes élèves sur " les ceintures de compétences". Mais, en plus de ça, j’aimerais instaurer les panneaux «je sais déjà» dans ma classe. L’idée c’est que tout au long de l’année on vient accrocher à ce panneau ce qu’on a appris. Par exemple, on peut y accrocher :

    -     construire une phrase (majuscule, point)

    -     conjuguer les verbes au présent

    -     accorder l’adjectif

    -     la table de multiplication par 8

    -     l’addition écrite.

    Avant de faire une activité, on parcourt le tableau avec les élèves et on choisit les compétences qu’on doit pouvoir appliquer. Pour rédiger un texte, les compétences en mathématiques ne nous seront nullement utiles, mais on bénéficiera d’un rappel sur la construction de la phrase. Par contre, pour résoudre un problème en mathématique, on aurait besoin aussi bien des compétences en mathématique que de celles en français (pour écrire la phrase réponse à la fin). De cette manière, les compétences apprises sont travaillées tout au long de l’année et dans de différents contextes.

    Notre rôle à l’école primaire est d’apprendre aux enfants d’apprendre. C’est pourquoi il est important d’aborder avec eux la notion d’apprentissage. Comment apprend-on? Que se passe-t-il dans notre cerveau quand on essaye d’apprendre quelque chose? Comment faire pour retenir quelque chose le plus efficacement possible? Comment extraire l’essentiel d’un texte, ce qui est important et qu’on veut retenir? C’est là la clé de la réussite pour les élèves. Un élève qui sait comment s’y prendre pour faire face aux différents types d’apprentissages les réussira sans problèmes. Je ne vais pas m’y prendre de la même façon pour apprendre par cœur une poésie, ma leçon d’histoire et la formule de périmètre d’une figure.

     

     

     

     

     


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